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Grain(s) de ciel(s)
Un ciel par jour ?
En 2005, suite à une sorte de défi lancé à la cantonade, à la fin d'une semaine de “dessin sur le motif” entre amis peintres, je me suis embarqué dans un projet artistique complètement fou qui est vite devenu une véritable performance : dessiner ou peindre le ciel du jour, tous les jours, pendant exactement un an !!!
En photo, ça s'était déjà fait (Quelques secondes à y consacrer chaque jour, c'est jouable ;) mais en dessin ou peinture (au moins une heure par jour), je ne le pense pas.
À part quelques rares ciels restés à l'état d'ébauche, j'ai réussi à tenir jusqu'au bout. J'ai même pris le temps de noter quelques impressions au dos de chaque image avec le lieu, la date et l'heure (comme dans un vrai carnet de voyage). Il m'est même arrivé de peindre plusieurs ciels dans la même journée tant il était impossible de choisir le plus intéressant.
Si j'ai, dès le départ, opté pour un format fixe, j'ai commencé cette aventure plus comme un exercice, en multipliant les techniques, les médiums et les papiers et puis, au fil des jours, c'est l'aquarelle qui a fini par s'imposer.
L'aquarelle n'est certainement pas la technique la plus aisée pour peindre des ciels. Les débuts sont d'ailleurs un peu laborieux et l'on voit nettement le résultat s'améliorer au cours de l'année.Le résultat de cette fabuleuse aventure est donc un étonnant carnet de voyage “tête en l'air” de plus de 365 pages.
Même si l'exploit fut enrichissant à de nombreux points de vue, il m'a quand même été très difficile de tenir le cap, surtout les jours de travail au bureau, de formation, de déplacements professionnels et (peut-être le plus difficile) pendant des vacances sur un voilier avec des amis non-artistes qui ne comprenaient absolument pas ma démarche. Difficile de tenir mais difficile d'arrêter, aussi ! J'ai arrêté du jour au lendemain, le jour anniversaire de mon premier ciel et ce fut plutôt traumatisant. Pendant des années, je n'ai pas pu remettre le nez dans cette affaire. Aujourd'hui, 10 ans après, je me risque enfin à publier tout ça (et souhaite bonne chance aux artistes qui voudraient sérieusement reprendre l'idée à leur compte… ;)
Avant de vous laisser profiter de ce travail, voici un extrait de mon carnet - texte écrit au début de l'automne 2005 :
Depuis quelques semaines je me contrains à vivre "tête en l'air" et je me rends compte que, non seulement, le ciel est différent chaque jour, mais aussi, qu'une infinité de "ciels par jour" (et par nuit) s'offrent à nous ! De quoi nourrir, pour des générations, les appétits picturaux les plus boulimiques.
Dans la pratique, il ne m'est maintenant qu'exceptionnellement possible de réaliser mon ciel "sur le motif". C'est-à-dire en direct, au moment où il passe. Mais, jusque-là, j'ai réussi à ne pas travailler d'après photo, même si, par sécurité, il m'est arrivé d'en prendre.
En général, mais pas toujours, je prends quelques notes rapides sur une feuille de papier : la forme générale des nuages (quand il y en a !), les couleurs et quelques croquis des éléments architecturaux qui "ancreront" mon ciel à la terre. Le soir, chez moi, le lendemain matin, ou en fin de semaine, je réalise le ciel noté. Ce décalage me permet de "choisir" mon ciel. Celui de l'après-midi ou du soir sera peut-être plus intéressant que celui du matin. Ça me permet aussi de varier les points d'observation car je n'ai, de mon premier étage en ville qu'une vue très limitée vers le Nord et une autre vers le Sud.
Beaucoup de mes ciels sont "saisis" depuis ma voiture, sur le trajet appartement-bureau ou retour. Cet exercice de mémoire (c'est peut-être le plus intéressant) laisse la place à une légère interprétation, touche personnelle, presque affective.